Tête d'affiche

C'est la ville qul est en arrière-plan ici : elle est, pour moi qui aime la déambulation et la
flânerie, une source de découvertes permanentes. Les affiches ont toutes été prises dans le métro
parisien et les inscriptions murales sont également urbaines. Il y a presque unité de lieu dans cette
série.
Initialement il s'agissait de prélever les altérations produites sur les affiches présentes dans les
couloirs du métro. Elles ont pour point commun d'être des publicités (théâtre, cinéma, produits et
services divers...) évidemment conçues pour délivrer un message optimiste. Les altérations qui
surviennent, aléatoires, plus ou moins volontaires, produisent une perturbation dans ce message.
Cadrées uniquement sur les visages mes photos essaient de capter le changement de sens que
les déchirures, collages ou pliures apportent aux acteurs de ces images. Les blancs, les retraits, les
contacts inattendus avec des couches sous-jacentes, les absences ôtent aux visages leur identité
et les dramatisent parfois.
Une image publicitaire est conçue pour être univoque afin de délivrer un message
immédiatement compréhensible : ces blancs laissent un espace libre, une lacune propice à
l'imagination qui ouvrent à des significations multiples. Ils sont, de plus, des éléments graphiques
intéressants que le cadrage utilise et souligne.
C'est ma déambulation dans la ville qui a fourni presque naturellemnt le lien entre affiches
et inscriptions glanées sur les murs. D'une nature différente, ces dernières s'inscrivent elles aussi dans
l'espace de la ville, utilisant l'espace libre du mur pour une expression personnelle certes illicite
mais spontanée, souvent revendicative, parfois poêtique et même graphiquement élaborée. Il ne
restait plus qu'à effectuer les choix des couples photo/texte. Accolés aux photos, occupant en
quelque sorte leurs vides blancs, les textes créent des sens possibles, bien sûr éloignés du message
initial. C'est dans ce décalage que se situe le travail que je propose aujourd'hui.
Par ailleurs, le fait d'utiliser des éléments qui, la plupart du temps, sont destinés à rapidement
disparaître me convient tout à fait : n'est-ce pas le pouvoir de la photographie que de figer un
moment en créant parfois des rencontres, des contacts surprenants ?